Chômeuse je suis

Publié le par Isabelle

J'ai décidé de créer mon blog, peut être pour sortir toute la rage qui est en moi, mes peurs, ma honte, mes envies, mes critiques envers la société, les gouvernements, les politiques. Je pleure beaucoup aujourd'hui, et je doute tellement, que d'écrire me fera peut être du bien qui sait.

Ma vie n'a jamais été un long fleuve tranquille

Mon parcours est difficile, jeune je n'ai pas voulu faire de formation, je me sentais pas à l'aise dans le cercle de formation, çà me barbais, et j'appréhendais les examens, j'y allais en me disant je ne l'aurais pas, démotivée à souhait. J'avais un besoin de travailler, j'étais extrêmement timide, j'avais peur de tout, j'ai donc suivi une petite formation au CESI d'Angers, de Secrétaire bureautique, pas la panacée, mais une formation qui pouvait me permettre de démarrer une vie, dans les moments difficiles des années 80.

Ce fut dur, de petit boulot, au Cdd, à l'intérim, je vivotais sur Angers, et je suis partie à Paris, pas sans difficulté, la ville ne m'attirait pas, même si j'y suis née, je suis une campagnarde complète.

J'ai commencé par me former, en Anglais, moi qui était nulle, et c'était peu de le dire, je me souviens de cette prof d'anglais, en seconde, qui m'avait sortie que j'avais juste le niveau 6ème. J'ai parlé anglais tous les jours, toutes les heures, pendant 1 an. J'ai passé un premier examen de Cambridge que j'ai réussi. J'aurais même peut être dû continuer, pour passer d'autres examens.

J'ai commencé ensuite une vie d'Intérimaire, au départ contrainte, pour vivre, payer mon loyer puis j'ai apprécié petit à petit cette liberté que l'on me donnait de choisir, mes contrats, d'avancer à mon rythme. Je découvrais le monde du travail, de comprendre leur fonctionnement, parler avec les employés, avec les cadres, les patrons ; ma timidité a disparu, je me sentais de plus en plus à l'aise.

Je me suis découverte, et j'ai commencé à me former, seule, en autodidaxie, à des logiciels de plus en plus divers, bureautique, Pao, çà me plaisait de plus en plus. J'ai suivi des cours du soir, Xpress, Html.

Mais voilà, en intérim, quand on est classé "Secrétaire" passer à "Maquettiste Pao", c'était trop demandé, aux agences. Vous êtes appréciés dans le métier de secrétaire et vous nous rapportez dans ce métier. Eux ne voulaient pas que j'évolue. J'ai essayé 4 Cif intérimaire qui ont tous été refusés. Même en m'inscrivant dans une agence spécialisée dans l'art graphique, je n'ai jamais réussi à passer ce cap.

Et patatra, un jour de mai en retour d'un pont, d'une randonnée j'ai basculé, un trauma musculaire, m'a cassé du jour au lendemain, suivi, d'un trauma veineux. Je suis devenue un Paria de l'intérim, la honte d'envoyer une intérimaire avec des béquilles, l'image est médiocre sans doute, mon travail se serait peut être fait ressentir, je me suis posée beaucoup de question à ce moment.

Je décide de revenir en Anjou, proche de mes parents, ai je bien fait, j'en doute maintenant, mais c'est trop tard. Et là c'est la dégringolade, la vie vers l'enfer, les choix d'une vie peuvent faire plus de mal que de bien.

J'ai suivi une formation, un BTS d'Aménagement paysager, une passion de jeunesse, je jardine depuis l'âge de 5 ans, et les plantes ont pour moi aucun secret. Cela aurait pu être un nouveau tremplin, j'envisageais de travailler en bureau d'études, mon expérience de pao, pouvait être un plus. Mais voilà à 46 ans suivre une formation scolaire en 1 an, ce n'est pas la chose à faire, revenir plus de 25 ans en arrière, avec des cours d'enseignement général de niveau terminal, des cours techniques. J'ai raté mon coup, au départ tout commençait bien, mais la fin fut une dépression, une fatigue mentale et physique extrême, et le doute qui s'est installé, j'ai raté mon examen général. Le côté technique : bâtiment, plomberie, électricité, ne m'a pas convenu, moi j'ai un côté végétal, tellement fort, je pensais y arriver mais ce fut une déconfiture.

Une dépression de plusieurs mois, des collègues de stage m'ont conseillé, je les ai écouté, ils n'avaient pas la science infuse, mais dans ce cas là on écoute. Tu es doué en informatique, tu nous a aidé lors de la formation à préparer, nos rapports, à présenter çà de façon professionnelle, pourquoi ne deviendrais-tu pas formateur, l'idée trottine dans la tête, et l'esprit de liberté, je me suis dit pourquoi pas, je pourrais le faire comme accompagnant à domicile payé en CESU, du coup, j'ai fait une étude de marché, j'y croyais, çà coulait de source. Mais patatras, première crise en France, moi je n'ai pas réussi à faire suffisamment de bénéfices, et du coup, je suis descendue encore au plus profond de moi, mes doutes, mes appréhensions, tout çà est revenue au galop.

Ratée tu es, ratée tu resteras.

Je n'avais plus droit aux Assedic, et je suis tombée au RSA, le mot diabolique, celui de la honte, du paria de la société.

On m'a mit en Social, parce que dans ma tête, çà n'allait pas bien, en même temps on laisse les gens à l'abandon, on voit un assistant tous les 6 mois, et entre les deux, c'est débrouille toi "Jeannot", remonte toi tout seul, tel est le discours.

Et commence le parcours des accompagnements pour trouver du travail, çà c'est l'astuce du moment, des gens qui analysent votre parcours, et qui ne trouvant rien, vous dégringolent encore plus.

1er accompagnement : Une jeune du CNAM, elle me dit que je devais donner des cours d'informatique à des illettrés parce qu'elle avait vu Madame Sarkozy à la télé qui avait visité un centre pas loin d'Angers, elle m'a donné cette idée, c'est sûr, j'imagine assez, les pauvres ont déjà du mal à apprendre à lire, apprendre l'informatique là dessus. Du coup, je suis tombée dans ma décrépitude, je ne comprenait pas cette façon de faire. J'étais social, et il fallait que je retourne dans mon trou. Le Trou du Social

Quand est au trou, mentalement, le physique ne suit pas, du coup, mes problèmes de santé se sont accentués, je suis tombée, entorse, et toutes les séquelles de ma déchirure se sont réveillées et en beauté, tant qu'à faire.

2ème accompagnement. Une autre femme d'une association dont j'ai oublié le nom, tant j'ai trouvé çà génial, un accompagnement plus adapté à mon handicap, le bouquet total, il fallait se présenter en faisant du collage, comme à la maternelle, pour une femme de 50 ans c'est épatant de bêtise. Elle osait me dire que les 35 heures c'était stressant que je ne me rendais pas compte. Pour une personne comme moi qui a commencé avec les 39 heures, et les 40 à 44 heures avec l'intérim, le travail le Samedi et le Dimanche quelquefois, la journée ou la nuit, en faisant charrette, j'ai trouvé çà terrifiant, qu'une jeune accompagnatrice qui démarrait sa carrière, ose me sortir çà surtout qu'elle était à mi-temps. Elle me fait faire un mini-bilan de compétence et m'avoue à la fin, qu'elle n'a pas les compétences pour l'analyser. La bêtise a l'état pur. J'ai du coup stoppé et demandé à faire un vrai bilan de compétence.

3ème accompagnement. Bilan de compétence à l'AFPA, un spécial sénior et handicap, mon dossier d'handicapé du travail était en cours, un conseil que l'on m'avait donné, un vrai travail sur soi-même, qui est arrivé à 2 conclusions, à 2 métiers possibles. Formatrice ou Documentaliste. Les deux me plaisaient en prime, çà pouvait être intéressant. J'avais un doute physiquement sur Formatrice, elle m'avait dit qu'elle demanderait au Médecin de l'AFPA de m'analyser, je ne l'ai jamais vu pendant cette accompagnement.

J'ai voulu partir sur le métier de formateur, du coup, l'accompagnatrice à envoyer une pôle emploi que la partie du bilan qui donnait cette possibilité. Je devais suivre une formation à l'AFPA de Nantes, tant qu'à faire !!!, mais voilà mon dossier de travailleur handicapé est accepté, et mes doutes sont là j'en parle à ma conseillère, elle demande au médecin du travail de m'analyser par rapport à cette future formation. Je vois donc ce médecin, et comme par hasard, c'est le Médecin du travail de l'AFPA qui m'analyse et qui considère que c'est Niet, je ne peux pas faire ce métier. Patatras, on retourne à la case départ.

Je me dis je vais essayer de trouver une formation de Documentaliste, mais expliquer le pourquoi au Pôle emploi, fut très compliquée l'AFPA n'ayant pas envoyé la totalité de mon bilan, il ne comprenait pas et je devais suivre un autre bilan de compétence !!!

Mon père tombe gravement malade, ma mère avait besoin de moi, je stoppe mes recherches. Mon père décède et je décide de devenir aidante de ma mère et de vivre chez elle. Dans ce cas là, je ne suis plus apte à faire un nouveau bilan de compétence, ni à chercher un emploi, et le trou du social revient, seule avec mes problèmes et à aider ma mère.

Mais il faut que je sorte de mon trou, malgré tout çà j'ai envie de m'en sortir, l'assistance sociale me conseille Cap emploi, j'écoute, j'y crois encore, mais je me retrouve vite dans une déconfiture, le bilan de l'AFPA est un truc nul, nous savons mieux faire, je fais de nouveau un bilan j'arrive au même profil de métier que celui de l'AFPA, en 2 ans on ne change pas autant. Mais çà ne plaisait pas à mon accompagnatrice, elle voulait que je fasse une formation de secrétaire juridique, mais moi je ne voulais pas, çà ne m'intéressais pas du tout, j'ai quand même était 15 ans secrétaire, et çà c'est comme le vélo, çà ne s'oublie pas, en prime, je n'ai jamais aimé travaillé avec les avocats ou autres donc le juridique encore moins. En prime je voulais pour continuer à aider ma mère, vieillissante et malade, suivre une formation en FOAD ou Internet. Mais voilà l'AGEFIPH ne subventionne pas ces formations à moins d'être handicapé en entier.

Pendant ce temps le cap emploi m'a fait analyser par un médecin du travail, un vrai de la SMIA, elle acceptait que je fasse formatrice, et oui, elle ne voyait aucun inconvénient, et documentaliste aussi.

Donc je quitte, et je rencontre ma conseillère, que j'aime bien, mais qui va me quitter pour un autre emploi, ou une autre agence, pour une fois que j'avais quelqu'un de bien pour m'accompagner, ma chance à tourner, je pense, elle me conseille de voir une orientatrice pôle emploi pour analyser les deux métiers.

Celle-ci me déconseille Formatrice, le métier a changé, trouver de l'emploi est très difficile, des contraintes énormes, je l'écoute.

Donc je pars vers documentaliste, j'y crois, çà m'intéresse complètement, moi qui fait des recherches continuellement sur internet pour faire ma généalogie, pour faire des bases de données de généalogie sur Geneawiki. J'ai toujours aimé les bases de données, depuis ma première formation, j'en ai fait sur Dbase III et Rapidfile sous dos, ensuite Access et la suite lotus.

Çà me parle. Je trouve une formation au CNAM par Internet, l'idéal. C'est une licence pro. Je cherche ailleurs, les universités, je trouve, j'écris. Les seuls ayant répondu c'est le CNAM, les autres doivent penser qu'à 53 ans, il faut que je reste au fond de mon lit, parce qu'ils préfèrent former des jeunes que des séniors.

Mais voilà rien n'est facile, je dois faire une Vap85, mon BTS non validé, c'est obligatoire.

Là j'imprime le document j'ai 11 jours pour faire mon dossier, et là je cale, j'ai peur, mon appréhension de jeunesse est revenu au galop, je n'ai pas le bac, un BTS non validé, une expérience bancale d'intérimaire, mon expérience de généalogiste, tout çà suffira t'il pour passer le cap de la Vap85,

Je n'y crois, pas, j'ai commencé à faire le scan de mes attestations, mais faire ma lettre de motivation et mon parcours synthétisé, me stoppe littéralement, j'ai pleuré toute la journée à faire scanner une partie de mon expérience, tout est revenu comme une baffe dans ma gueule.

Femme, 53 ans, Sénior, RSA, Travailleur handicapé

La paria dans toute sa splendeur dans la société actuelle.

J'ai la peur au ventre comme un jeune qui passe son 1er examen, moi j'ai 53 ans et j'ai peur. J'ai mal dans ma tête, je n'y crois pas, je doute, complètement. Il faut que je le fasse, mais comment arriver à me motiver, à faire une lettre qui donne le ton, et qui montre ma conviction, c'est dur.

J'écris ici, et je pleure à le faire.

Motive toi isabelle, motive toi.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Isabelle, votre parcours est peut-être difficile mais vous en avez su faire de vos faiblesse des avantages.<br /> Vous êtes courageuse et battante. Vous allez réussir à vous en sortir. <br /> Chaque expérience nous permet de prendre du recul et de prendre des décisions.<br /> Bon courage!
Répondre
A
Annabelle du forum cairn
F
Et bien quel parcours ! Je vois pas du tout celui d'une ratée ni d'une perdante, mais au contraire celui de quelqu'un qui fait tout pour s'en sortir. Bravo et continue car ta détermination va finir par payer et surtout considères toi mieux !
Répondre
I
Merci France, je vais essayer, c'est pas gagner
M
Courage Isabelle ,je te sens tout de même très motivée pour t'en sortir ,il ne faut rien lacher,même si en ce moment c'est difficile pour beaucoup de gens <br /> Maryse (forum du cairn)
Répondre
D
Isabelle, je viens de lire ton parcours, je te comprends car mon mari a eu un parcours très difficile, au chômage a 46 ans et pas de métier, quand il se présentait il s'entendait dire qu'il était trop vieux et sans diplôme. A l'époque, heureusement que je travaillais et nos 2 enfants arrivaient à l'âge des études, ce fût un passage difficile pour lui. Je te souhaite beaucoup de courage, et je veux te dire que tu n'es pas une ratée parce que tu es au chômage. Gros bisous.<br /> Denise (forum cairn)
Répondre
M
je viens de lire ton article, mais je vais le relire en profondeur, je trouve Zazoult que malgré toutes tes difficultés tu es une battante!!sincèrement! nous vivons une époque pas facile et il faut te dire que malheureusement beaucoup de personnes vivent de telles choses, mais toi tu essaies tout pour t en sortir!!! je vais relire chacune de tes phrases!!! (forum du cairn)
Z
Je te remercie Denise, c'est une période difficile pour tous les demandeurs d'emploi, les jeunes sont trop jeunes et sans expérience, les vieux sont trop vieux, avec trop d'expérience.<br /> A ce demander si vraiment en France, on veut avancer, et donner du travail aux gens qui ne demandent que çà de travailler, pour vivre dignement. Nos politiques ne l'entendent pas de cette oreille, et pourtant, aucun ne vit ce que nous vivons.